Devant la deshumanisation croissante, solidarite et justice

L’atrocité qui se vit actuellement dans la zone de Beni, République Démocratique du Congo, semble particulièrement affreuse puisque l’être humain y est éliminé systématiquement et avec cruauté.

Marzo 2015 | Nathalie Kapambalisa Mwangesyali, odn (Beni, RD Congo) | Experiencias

L’Ordre de la Compagnie de Marie Notre-Dame est arrivé dans le Diocèse de Butembo-Beni le 10 Décembre 1948, appelé par Mgr Henri Pierrard, Assomptionniste, pour s’occuper de l’éducation des jeunes filles autochtones. Ainsi s’ouvrit la première école de filles à Mulo et progressivement l’implantation d’autres institutions scolaires suivit dans d’autres régions du pays. Suite aux multiples besoins du milieu, la Compagnie s’ouvrit peu à peu à d’autres domaines : domaine social (alphabétisation de la femme et apprentissage des activités pratiques indispensables pour la vie familiale) et domaine de la santé (soins ambulatoires, hospitalisation et surtout soins préventifs).

La situation d’insécurité et de guerre dans le pays a été permanente durant plus ou moins 25 ans : ce furent des années de souffrance pour toute la population. Deux de nos communautés ainsi que leurs œuvres ont été complètement pillées; les Sœurs ne pouvaient que fuir avec le peuple…

Mais aujourd’hui, l’atrocité qui se vit actuellement dans la zone de Beni est indescriptible. La provenance des assaillants paraît être ignorée et l’armée du pays n’arrive plus à prendre des mesures rassurantes. Les opérations de massacre se passent la plupart du temps la nuit, dans une grande clandestinité ; rien n’est clair dans cette situation. La ville de Butembo et d’autres localités reçoivent continuellement des déplacés à cause de cette catastrophe.

Le Diocèse maintient son engagement de solidarité avec le peuple. Et à travers lui, les communautés religieuses, en coordination avec d’autres institutions, nous cherchons à faire notre possible pour tendre la main en cette période si complexe.

En tant que Congrégation, la Compagnie de Marie Notre-Dame est responsable de la Coordination de l’activité sanitaire dans le diocèse de Butembo-Beni ; c’est une grande responsabilité et nous expérimentons de grands défis pour collaborer continuellement avec le personnel sanitaire qui se trouve dans des zones sans sécurité,  comme celles de Oicha, Mbau, Beni… Les besoins sont nombreux mais les ressources insuffisantes.

L’accompagnement des traumatisés de guerre est fondamental. A la Cathédrale de Butembo, on a organisé un espace pour eux. Une de nos Sœurs collabore dans cette mission. Les Institutions éducatives n’ont pas été indifférentes à cette situation et ont accueilli les enfants déplacés de guerre. Les autres élèves et les collaborateurs sont sensibilisés pour compatir avec les personnes déplacées.

A titre d’exemple, hier 9 Mars, les enfants de notre Maternelle sont allés rendre visite aux déplacés qui sont hébergés dans l’enceinte de la Cathédrale. Ils leur ont apporté les produits de leurs cotisations : 200 dollars et une quantité de vêtements dont ils s’étaient dépourvus. Les élèves de nos écoles primaires ont fait de même.

Aider pour que surgisse le meilleur chez les enfants et les jeunes ; et que la compassion, la solidarité, le dialogue, la tolérance, la réconciliation, le pardon…se manifestent dans la vie concrète, c’est toute une tâche éducative, indispensable pour la paix et la communion parmi les hommes.

Par contre, ces petites et grandes actions restent minimes devant la dimension du conflit. C’est nécessaire d’agir sur les causes et trouver les responsables ; tâche qui correspond principalement au gouvernement du pays avec l’appui international nécessaire.

Elevons tous la voix pour que cela soit possible.
 

Nathalie Kapambalisa Mwangesyali, odn: Médecin Responsable du Bureau des œuvres médicales du Diocèse de Butembo-Beni.


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